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Là bas, si j'y suis...
18 avril 2014

Dada Indonesia!

Après un mois passé en Indonésie (et pas un jour de plus car cela coûte la bagatelle de 20$ par jour supplémentaire, sans compter qu'il vaut mieux éviter de se frotter aux autorités locales tristement connues pour leurs abus et leur corruption), je dois admettre que je suis soulagée de naviguer vers d'autres horizons. D'autres horizons, c'est vite dit puisque je suis actuellement dans le bateau pour rejoindre la région de Sabah, toujours sur l'île de Bornéo mais de l'autre côté de la frontiere, à 4 heures de navigation. Je sais que la partie malaisienne de l'île est nettement plus fréquentée que Kalimantan, son équivalent indonésien, et pour la première fois je ne rechigne pas à retrouver d'autres bulè ! Cela fait près de 10 jours que j'ai quitté la région touristique du Toraja, dans le centre de la Sulawesi, et je n'ai depuis croisé aucun touriste. Et pour cause! Une partie de mes journées consiste à organiser mon départ pour la prochaine destination, le système de transport pouvant se résumer à un mot : galère...

Le fait d'être seule touriste ne me pose pas de problème en soi, si ce n'est que depuis mon départ de Bali, je peux compter sur les doigts d'une main les personnes pouvant baragouiner des mots d'anglais! Et mon indonésien se résumant essentiellement aux termes culinaires, difficile de tirer des renseignements utiles auprès des locaux. Quant à mon guide, il ne couvre pas cette partie du pays! Bref, galère...

Le fait d'être une femme voyageant seule est par contre ambivalent : les gens sont naturellement plus prévenants que si j'étais un homme ou accompagnée, mais les sollicitations sont permanentes, et à force je dois dire harrasantes... Les "Hello Mister" qui me faisaient tant sourire au début accompagnent désormais chacun de mes pas, l'entendant crié parfois de l'autre bout de la rue jusqu'à temps que je réponde, avant d'être repris par le prochain passant situé 2 mètres plus loin, et ainsi de suite...

Une jeune femme originaire de Sulawesi s'était vivement étonnée que je me sois rendue à Pare Pare, ville réputée dangeureuse (faut-il encore le savoir!) où il n'y a rien à faire sauf y prendre le bateau. C'était justement la raison pour laquelle j'avais précipitamment quitté Rantepao par un bus de nuit afin d'embarquer dans le prochain ferry pour l'île de Bornéo qui, je venais de l'apprendre, ne passe que 2 fois par mois... Ce fameux bus de nuit me laissa à 1h30 du matin au bord de la route, dans cette grande ville déserte que je ne connaissais pas. Forcément, je ne me suis pas sentie très a l'aise, mais quitte à trimer avec mes 20 kgs sur le dos à la recherche d'un hôtel, j'ai préféré refuser les propositions des ojek (conducteurs de moto informels qui vous amènent n'importe où contre un petit billet) pour rester maître de mon chemin, un brin hasardeux je l'avoue! A situation exceptionnelle (quoi que...), idée peu ordinaire : me voilà à m'arrêter à la station de Police pour leur demander l'adresse d'un hôtel! J'apprendrai plus tard, de sources locales, que c'est la pire chose à faire en Indonésie : pour éviter les ennuis, ne jamais se rendre auprès des autorités ici corrompues jusqu'à la moelle. Cela revient à se jeter dans la gueule du loup!

Alors cette jeune femme avait peut-être raison quand elle affirmait que quelqu'un devait veiller sur moi, car aussitôt après avoir eu cette idée saugrenue, un énième ojek s'arrête à mon niveau et me tend son téléphone. Au bout du fil, un dénommé Octa, seul english speaker de la ville qui débarque dans la minute et se propose de m'emmener dans un hotel. J'accepte de le suivre, guidée par mon intuition qui vaut tous les guides touristiques. Et une fois encore, celle-ci ne m'aura pas trompée : non seulement il m'aidera à trouver un hôtel, rares dans cette ville et surtout fermés à cette heure avancée de la nuit, mais il me trimballera le lendemain de boutiques en écoles, à la rencontre de ses jeunes élèves à qui il enseigne l'anglais quelques heures par semaine. De jolis moments et de très belles rencontres, voilà donc les souvenirs que je garderai de ce coupe-gorge!

Le 13 avril, j'embarquais comme prévu dans le ferry pour Balikpapan, ville située sur la côte sud-est de Bornéo, au terme d'une traversée de 16h. Et là, c'est la claque! Je suis la seule blanche à bord parmi les 2 500 passagers qui sont à dormir à même le sol des jours durant (le bateau étant parti de Makassar au sud de la Sulawesi et se rendant à Tarakan, au nord de Kalimantan). 

J'ai alors l'impression de vivre un remake du Titanic, le garçon et le glaçon en moins! Je ne peux pas passer inaperçue et encore moins me débarrasser de ce sentiment de culpabilité, aussi vain soit-il... Pour la première fois depuis 6 mois, je ressens un véritable malaise et finis par limiter mes sorties sur le pont afin d'éviter les regards pas aussi sympathiques que ceux croisés jusqu'à maintenant...

Je serai soulagée d'arriver à bon port mais les galères de transport ne seront pas pour autant derrière moi. Bornéo est décidément une île qui se gagne!!!

L'un des premiers réflexes quand on arrive quelque part est de s'enquérir des moyens pour en partir. D'autant que je n'ai pas envie de dépasser ma durée légale de séjour en Indonésie, censé prendre fin 6 jours plus tard. Balikpapan est une grande ville tournée vers l'exploitation malheureuse des richesses du sol de Bornéo (charbon et pétrole, merci Total!) où aucun touriste ne s'arrête : les hôtels sont remplis de businessmen et je ne vois pas l'ombre d'une agence me permettant de m'extraire de la big city pour aller découvrir les beautés naturelles de l'île. Les transports eux aussi sont limités : aucune route ne mène jusqu'à la région de Sabah, en Malaisie, et le seul bateau qui s'y rend part le jour de mon expiration de visa pour plus de 30h de traversée... Je vais encore devoir recourir à un montage complexe de moyens de transport et m'asseoir sur mon principe de ne pas prendre l'avion!

Je m'arrache donc les cheveux pour éviter de prendre des vols faisant escale à Kuala Lampur ou Jakarta (ce qui serait un vrai non-sens puisque je veux seulement me rendre au nord de Bornéo!!!) et trouve la combinaison alternative suivante : vol direct d'une heure pour la petite ville de Tarakan, en Indonésie, puis 4 heures de ferry (régulier, je me suis renseignée!) pour Tawau de l'autre côté de la frontière...

J'en suis là. Je viens de quitter Tarakan pour Tawau, non sans connaître d'autres péripéties : un chauffeur de taxi qui m'annonce qu'il n'y a pas de bateau, un autre qui m'indique qu'il part bien à 11h30 le lendemain... Prévoyante, je quitte l'hôtel 2 heures avant l'heure indiquée, prends unmo pour le port qui s'avère ne pas être le bon et apprends par la même occasion que le départ pour Tawau est prévu à 10h, c'est-à-dire dans 10 petites minutes... Quelle poisse! Et il me faut en plus passer par le bureau de l'immigration!?! F***!!! Mais grâce à une rencontre heureuse et fortuite, je parviens à me hisser dans le bateau peu après 10h, pour un départ effectif qui n'aura lieu qu'une heure plus tard...

Forte de ces récentes galères de transport, je compte bien rester avisée pour les 2 mois qu'il me reste à passer dans cette région d'Asie où se déplacer n'est décidément jamais une sinécure...

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