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Là bas, si j'y suis...
2 juin 2014

Comment passer de l'enfer au paradis...

À peine arrivée à Manille, je me sens déjà oppressée par le trafic intense, les affres du tourisme sexuel, les malls géants qui contrastent avec une indicible pauvreté... Pas un 

coin de rue qui ne compte pas une famille "installée" sur des cartons, pas une entrée d'établissement (de la banque nationale au vulgaire 7/11, équivalent de nos Proxi) devant laquelle n'est pas planté un garde armé jusqu'aux dents pour décourager les "descentes" de gamins de 10 ans déjà condamnés par un usage abusif de la colle, pas une heure de la nuit où ne se mêlent pas des vendeurs en âge d'aller encore à l'école avec les prostituées postées à l'entrée des bars in de cette ville qui ne dort décidément jamais... À la vue d'une jeune femme vivant sur le trottoir avec ses enfants et arborant un tee-shirt "Jesus loves me", je suis soudainement prise de ce qu'on pourrait appeler le cynisme du découragement...

 

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Pas envie de rester une nuit de plus dans cette ville aux paradoxes que je ne parviens pas à accepter! Je me décide donc presque sur un coup de tête, à acheter un billet d'avion pour partir le lendemain matin sur l'île de Palawan, encore peu développée et épargnée par le typhon ravageur Yolanda.

Je passe rapidement sur mon séjour plus que bref dans la capitale de l'île, Puerto Princesa, et sur ma journée à Sabang pour un "tour" (dans toute son acceptation touristique...) à la célèbre underground river : 2,5 kilomètres parcourus à la lampe torche et en bateau sur cette rivière souterraine qui accueille de drôles de volatiles (des chauves souris, évidemment!) et qui a patiemment érodé la roche jusqu'à lui faire adopter de curieuses formes qui font maintenant le régal des guides locaux... C'est à croire qu'ils voient la Vierge Marie et la Sainte Famille partout!!! On a même le droit à l'inventaire des fruits et légumes philippins : "You see, Mam! Here's a papaya!" "And Mam, look on the top of the cave : the rock looks like a banana!". Vous aurez compris mon enthousiasme tout relatif lors de cette visite effectuée en compagnie d'une armada de touristes, tous parés de leur gilet de sauvetage orange qui ne passent pas inaperçus, surtout au milieu de la jungle...

Celle qui tire un peu la tronche à l'arrière du canot, c'est moi...

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Bien que je n'ai pas été emballée par ce petit village, j'y resterai une nuit supplémentaire afin de me rendre dès le lendemain à Port Barton en bateau (que dis-je, en bicoque!) plutôt qu'en mini-van : faire le trajet en longeant des îles désertes mais recouvertes de jungle, sur des flots aux bleus tantôt profonds, tantôt cristallins, me séduit bien plus que de me taper encore 5 heures de route en mode tape-cul! Le prix de la traversée est certes plus élevé, mais le fait de pouvoir partager la location de la frêle embarcation avec un adorable couple d'Allemands (1 200 pesos par tête, soit 20 euros) me décidera à tenter l'aventure!

Taaadaaa! Voici notre bateau!

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Et quelle aventure! Les 3 heures de navigation (d'un calme et d'une beauté à pleurer, malgré le bruit de l'engin proche de celui des tondeuses à gazon...) se solderont par une panne de moteur! Il semblerait que de l'eau se soit mêlée au fuel, ce qui donne une idée de l'étanchéité approximative de notre canot! Pendant la demie heure qu'il faudra à notre "capitaine" pour relancer la machine, j'aurai le loisir de chercher du regard des bateaux pouvant nous venir en aide, d'estimer le temps nécessaire pour relier à la nage Port Barton - heureusement en vue - et de bénir l'adorable couple de locaux avec qui j'avais discuté pendant des heures la veille et qui était gentillement venu m'apporter un petit encas avant mon départ, juste "au cas où"... Parce que l'attente fut suffisamment longue pour que nous imaginions les scénarios les plus rocambolesques! Mais après avoir versé des litres de sueur et recouru à toutes les techniques dignes de Mac Gyver, notre matelot mate enfin la bête et le bateau peut accoster comme si de rien n'était!

Sabang n'était déjà pas bien grand et en regardant la carte de l'île de Palawan, je me figurais que Port Barton serait d'une taille un peu plus conséquente. Raté!!! Le village se résume à 2 rues poussièreuses et à une longue plage de sable blanc abandonnée par les touristes en cette basse saison. Les blanc-becs de notre espèce sont si peu nombreux que je pense avoir avoir pu les dénombrer sur mes 10 doigts! En guise d'illustration de la tranquillité qui règne sur ce petit bout de côte resté sauvage, l'électricité s'interrompt aux 12 coups de minuit et c'est l'absence de distributeur de billets (ou ATM comme on dit partout dans le monde... sauf en France!) qui me fera rebrousser chemin à contre-coeur quelques jours plus tard... Mais j'y reviendrai plus loin!

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Parcourir les régions de Bornéo par tous les moyens sauf aériens m'avait quelque peu éreinté, mais ces derniers jours passés aux Philippines m'auront achevé : 4 jours de fièvre immédiatement suivis de cette fameuse chute qui me vaudra un genou esquinté pendant 2 semaines... Backpacker, c'est creuvant, qu'on se le dise!!! Sans compter un esprit en permanence sollicité : "where do you go, Mam?", "do you need a tricycle, Mam?", "do you know where to stay, Mam?", "it's a cheap place, Mam!"... "C'est vrai ça! Je vais où? Et comment?!?". Où que l'on se trouve, chaque pas nous amène dans un nouvel environnement où la langue parlée n'est jamais la nôtre et où l'on doit redoubler d'attention quand on voyage seul, en tant que femme de surcroît.

Pas mécontente de me poser un peu, je resterai donc reclue dans ce petit coin de paradis pendant 5 jours, au lieu des 2 initialement prévus, et y fêterai mon anniversaire en heureuse solitaire. Quoi de mieux que le plus beau des ciels étoilés en guise de 32 bougies?!?

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La vue depuis mon bungalow...

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Marre de le plage? Y'a qu'a filer à la cascade!

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La règle en vigueur à Port Barton est l'électricité de 6 heures du matin à minuit (ce qui rend les nuits difficiles du fait de l'absence de ventilateur... mais qui, contrairement au village d'El Nido où je me rendrai quelques jours plus tard et qui lui n'est alimenté qu'en fin de journée jusqu'au petit matin, permet de profiter de quelques grasses matinées!). La lecture d'un policier miraculeusement trouvé sur une étagère de la guesthouse ayant éte ma principale activité à Port Barton, je n'ai pas du tout pâti de ces interruptions cycliques de courant. Sauf que je comprendrai qu'une électricité rationnée est incompatible avec les machines à forte valeur ajoutée, comme les distributeurs de billets par exemple...

Je prolongerai donc mon séjour à coup de money changer (ah, l'universalité des billets verts!) avant de tenter un aller-retour pour Roxas, la ville la plus proche située à 1 heure de chemin de terre, qui ne dispose pas plus d'ATM mais où paraît-il, une station service propose des avances de cash... Mark, un adorable natif de Port Barton avec qui j'ai sympathisé, me propose de m'y emmener en moto. Le pauvre, s'il avait su dans quoi il s'embarquait! Car c'est 4 heures de pistes chaotiques à travers les montagnes que nous nous taperons dans la journée, après avoir amèrement constaté que ma 1ère carte bancaire ne répondait pas et décidé de repartir à Port Barton sur le champ pour récupérer la seconde, sans plus de succès je dois dire... Quelques jours plus tard, il me faudra donc reprendre la route et quitter pour de bon mon petit coin de paradis pour rejoindre Puerto Princesa, la ville principale de l'île située à 6 heures de route, non sans m'être auparavant rapprochée de ma banque qui avait jugé inutile de m'informer du blocage de ma carte bancaire... Je ne m'étendrai pas sur ce terrain glissant, mon profond agacement pour les institutions bancaires n'étant pas le propos de cet article...

Je ne resterai que quelques heures à Puerto Princesa et filerai le soir même par un bus de nuit (6 heures de trajet et moins de 400 pesos, soit environ 7 euros) pour El Nido, destination populaire mais encore relativement peu développée à l'extrêmité Nord de l'île. Les bus étant fidèles à eux-mêmes, je ne fermerai pas l'oeil de la nuit! Nuit d'autant plus courte que l'arrivée s'est faite à 3h30 du matin...

Des chauffeurs de tricycle me proposent de me déposer en "ville". Mais pour aller où?!? Si El Nido est réputée festive, à cette heure de la nuit, la plupart des établissements sont évidemment fermés! Non, je marcherai une demie heure avec tout mon chargement jusqu'à la plage. Quitte à être éveillée, autant profiter du lever du soleil! Et puis, ce n'est pas comme si je n'avais que ça à foutre... 

Au petit matin, j'attends le soleil!

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Les reliefs karstiques au large d'El Nido, formant autant d'îles aux airs de Robinson... 

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Les Philippins et la clique d'anglophones avec qui j'ai traîné tout le temps de mon séjour à El Nido

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Commentaires
A
Bien d'accord avec vous papou : c'est de loin les photos les plus scotchantes que j'ai vu depuis le début sur ton blog! Elles sont vraiment magnifiques. <br /> <br /> Parce qu'il faut bien te plaindre à un moment donné : le tri de tes XXXX photos va être une tâche ardue...
P
Titre bien choisi car tes superbes photos sur Palawan pourraient à coup sûr illustrer une brochure destinée à vendre les charmes du paradis. Même le plus maladroit des commerciaux parviendrait à obtenir des résultats probants fort d'un tel support.
Là bas, si j'y suis...
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